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gravure feuille vernis mou 2019_edited.j

Estampe 2019 - 20x20
vernis mou, pointe sèche, carborundum

La nature sous toutes ses formes est au coeur de mon travail.
Il s'agit d'observations, de questionnements permanents et ma démarche s'inscrit dans une recherche de dialogue avec la Matière... 


Mon travail est une rencontre entre le fortuit et le construit.
Le réel interroge l'imaginaire.
Le figuratif flirte avec l'abstrait.


Structures organiques (vaisseaux sanguins, nervures, lignes de peau...), cartes aériennes...
Par l'empreinte, les morceaux de nature laissent une trace de leur existence. 
Le végétal m'anime et le papier me fascine.
Ce papier que j'aime triturer, déchirer, encrer, coller.... Matériau ou support.
Sans cesse, il prend part au processus en binôme avec le végétal, tel un dialogue.


L'œuvre est un cadrage, un morceau d'espace qui vient de loin, un collage de visions, d'impressions et d'émotions. 

Dans le domaine de l'estampe, Gisel CHARP est à placer dans la famille des glaneuses.

 Ses travaux participent d'un dialogue constant avec les matières et textures qui nous habillent mais   qu'on ne voit plus.

 Pourtant tout est là, tout simplement,à quelques pas.....

 Son jardin est constitué d'impressions au carborundum, de gravures sur plexiglas, de fragments de lino, de monotypes etc... provoquant ici cette troublante sensation qu'est l'EMPREINTE.

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                                                                        Philippe Poirier Coutansais. Artiste Graveur

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Au fil du temps qui emporte le vent …

Gisel Charp nous murmure qu'il n'y a jamais l'une sans l'autre car du fait que la lumière soit là, ombre et clarté s'écharpent, se confondent ou se superposent. Elle envisage que par son art, le lien à la vibration naturelle, à l'essence du mystère du monde et à la magie picturale s'inscrivent dans l'esprit de qui passe devant ses toiles. L'art en imitant la beauté de la nature subjugue l'esprit en le sidérant mais pour elle, ce n'est pas le seul chemin voire la bonne attitude. L'entreprise de Gisel est toute autre, elle ne vise pas le choc mais envisage le cheminement intime. Pour cela ses outils et ses gestes artistiques sont judicieusement utilisés. Ils puisent tout autant dans ce qui est que dans l'approche de ce qui est. Il y a un processus où sensation, émotion et sentiment se succèdent. L'art de l'artiste va retisser à sa façon le trajet des ressentis en construisant un langage au plus près de la trajectoire d'être au monde. C'est par cela, par ce processus que la sensation va se transformer dans l'esprit du regardeur. Cette inscription dans l'esprit donne intelligence à la fois à ce qui est représenté et à ce qui est présent en soi du monde. Il y a dialogue possible et un dialogue sans fusion ni admiration béate mais au final une séparation radicale, une différenciation joyeuse et des connivences avec le plaisir d'être au monde. Elle rend le présent du monde présent

Avec des mots comme … collages, estampes, carborundum, papiers préparés, gaufrages, linogravure, monotype et de quoi se perdre dans les techniques diverses … elle nomme ce qu'elle crée … ensemble, effeuillages, vues aériennes, voyages, feuilles Marie, série rouge … et une fois les sens éveillés, l'émotion nous emporte. On s'assoit et on voit le monde pareil qu'il est et autrement qu'on le voyait l'instant d'avant.

L'artiste avance donc entre les choses sur le fil fluide de ce qui ne se sait pas, ne s'apprend pas et ne se maîtrise pas. On vit là sur cette terre mais sans rien goûter, sans rien voir et pire sans rien espérer d'inattendu. Elle y vit tout autant que nous mais elle, elle s'y arrête parfois sans savoir, sans juger et nous donne ce qu'elle perçoit d'émouvant, d'incongru, d'épouvantable, de banal, de navrant et de merveilleux. Elle s'accorde une pause pour repérer ce qui l'émeut dans le souci des petites choses imperceptibles qui la chatouillent. On la voit se pencher sur ce qui est là tout près d'elle et d'en faire quelque chose. Alors, naïvement ce qu'elle pense de ce qui est se pose sur le papier. Pour y arriver, elle donne confiance à la pulpe de ses doigts pour saisir l'effleurement des inattendus de la matière, confiance dans son geste pour rendre compte d'une nuance et précision du regard pour décrypter un détail. Il y a et il n'y a rien qui ne soit hors de la lumière car elle sait que le monde tourne de soleil en nuit et de nuit en ombre le jour ... ça apparaît, ça s'efface et ça revient. Elle guette ce qui de cela s'incarne dans les végétaux, les minéraux et ce qui jaillit du monde. C'est réfléchi car il y a il est vrai des outils exigeants, des processus de lenteurs contraignantes et des couleurs judicieuses à respecter. Elle apprivoise ainsi son geste au ressenti d'un futur envisagé, c'est comme ça que le temps se découpe en tranches dans des espaces eux aussi séparés en mondes ... étonnez-vous que ça étonne. Elle nous annonce le substrat pictural de ses constellations intimes entre l'infini des étoiles du ciel et les liens qui dessinent une entité charnue dans la paume d'une feuille. La pirate chercheuse de pierreries bercée par les flots se repère aux dessins des étoiles et parfois au carré précis de sa carte au trésor. Elle relie car il en est ainsi des feuilles, des veines et des matières en écho avec ce qui palpite dans les en-dedans d'eux mêmes et dans son entre deux qu'elle partage en plans concrets. C'est fascinant de voir comme une strate en cache une autre et la révèle. Rien ne serait pour elle sans un rayon de soleil et l'ombre de l'objet qui l'accueille. Voilà une artiste présente à la beauté du monde, présence qu'elle partage sans réticence avec qui s'arrête devant ses œuvres.

Alors, s'installe un silence complice porteur d'émotions rares.

 

Yannick Lefeuvre

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